La transmission, une certaine forme de devoir
Dernière mise à jour : 4 mars
Autodidacte, j’ai construit mon parcours professionnel par itération. Très rapidement dans ma carrière, j’ai eu l’opportunité d’accéder à des responsabilités managériales dans un environnement pluridisciplinaire (Vente, administratif, technique et logistique). C’était l’époque où pour le meilleur ou pour le pire, les bons commerciaux devenaient des managers. Totalement seul face à moi-même dans ma prise de fonction et mes premiers pas de manager, dénué de tout fondement théorique et de la moindre approche méthodologique, je me suis débrouillé tant bien que mal en me basant sur mon instinct.
Cette expérience date d’avant l’arrivée du PC et de la naissance d’internet. A cette époque, les choses allaient bien moins vite qu'aujourd'hui et le temps était un atout majeur pour grandir dans une fonction, acquérir de nouvelles responsabilités, apprendre un nouveau métier. Il était donc possible, à force de travail, d’engagement et de passion, de pouvoir se hisser au-delà de ce qu’un parcours de formation initial permettait d’espérer obtenir. Très tôt dans mon parcours professionnel, j'ai mis en œuvre une démarche de formation continue afin de pouvoir acquérir ce bagage initial me faisant cruellement défaut pour pouvoir perdurer et franchir d'autres étapes. De cette époque, je retiendrai le fait que certaines rencontres m'ont permis de continuer à cheminer et progresser. des rencontres avec des hommes et des femmes qui m'ont donné du temps pour pouvoir me transmettre leurs savoirs.
Quelques dizaines d’années plus tard, après la révolution Internet, celle du e-commerce et à l’heure du développement exponentiel des réseaux sociaux et des applications de IA (Intelligence Artificielle) dans notre quotidien, ce qui a pu être possible un temps ne saurait l’être encore aujourd’hui. Tout va beaucoup plus vite, peut-être trop vite. En 2023, quatre générations se côtoient dans le monde du travail sans pour autant forcement se comprendre.
Parmi ces actifs, les aspirations, les attentes, les valeurs, le rapport au travail, les enjeux individuels ou collectifs sont parfois aux antipodes les uns des autres. Il serait, par exemple illusoire de penser que la génération Z puisse comprendre et accepter les valeurs et les modes de fonctionnement des Baby-Boomers. Le sujet est clivant et cela se comprend aisément à l’aune de la prise de conscience collective bien tardive des enjeux du réchauffement climatique.
Pour autant, les uns ont besoin des autres. Les Baby-Boomers et la génération X ont à partager ce que n’ont pas les générations suivantes (X, Millennials et Z), à savoir l’expérience et le fait d’avoir vécu avant et après la révolution internet. Le recul, et parfois une certaine forme de pragmatisme et de sagesse face aux évènements est un actif important dont sont dépositaires ces générations anté -internet. d'un autre coté, ceux que l’on surnomme parfois et à juste titre «les digital natives», ont pour eux la fougue, l’énergie, une créativité qui se met en œuvre dans un environnement bousculé depuis longtemps par la digitalisation. Et ils ont l’avenir devant eux.
Alors comment arriver à concilier deux visions du monde parfois très différentes ? Comment permettre aux uns et aux autres de s’inspirer mutuellement, de coconstruire ? Comment arriver à réconcilier ce qui est parfois irréconciliable ? Comment arriver à ce qu’une forme de relai soit passé ?
C’est bien évidemment possible et même souhaitable car la transformation digitale de nos sociétés ne saurait être un succès si l’on ne prend pas en compte d’une part l’expérience du passé et de ceux qui l’on vécut et d’autre part la vision du futur dont sont dépositaires les générations les plus récentes.
Pour ma part, j’estime humblement être riche d’avoir connu la mire télévisuelle annonçant la fin des programmes sur un téléviseur ne disposant que de trois chaines en noir et blanc, d’avoir découvert le walkman et le téléphone portable, d’avoir été fasciné par le concept du minitel vite effacé par l’avènement d’internet et bien d’autres petites ou grandes avancées portées par la technologie.
Le hasard et la chance m’ont permis de mener un parcours professionnel dans le début des années 2000 dans le monde de l’IT ce qui m’a permis de participer à l’émergence du e-commerce, du cloud, de l’IOT (Internet des objets)... Cette appétence technophile me permet aujourd’hui de découvrir aisément et de m’intéresser à la puissance des technologies émergentes : IA (Intelligence Artificielle), interactions cerveau-machine, modélisation et reconstruction 3D, Edge computing & calcul spatial, la blockchain, les cryptomonnaies… J’observe, fasciné l’arrivée de nouveaux concepts, de nouveaux modèles, basés sur les nouvelles technologies et qui vont durablement bousculer notre quotidien (ChatGPT et le Metavers par exemple).
Un parcours de manager et surtout d’entrepreneur oblige à s'ouvrir aux autres, à être en veille permanente, à observer attentivement le monde et comprendre ses évolutions, à tout simplement être à la page. C'est souvent une question de survie pour un entrepreneur évoluant dans un environnement instable, jalonné de crises et en constate évolution. Un environnement dont la composante principale est l'incertitude.
Au fil du temps, l'opportunité peut se présenter pour cet éternel apprenant qu'est l'entrepreneur de pouvoir transmettre ses savoirs et de partager son expérience en devenant enseignant. Se combine alors les deux postures, celle d'apprenant et celle de transmetteur. Les deux ayant la vertu lorsque elles se cumulent de permettre de donner et de recevoir en retour. C'est la chance qui m'a été donnée.
Mon expérience d’intervenant au sein de l’EFAP - l’école des nouveaux métiers de la communication, sur les sujets de la stratégie digitale et la stratégie e-commerce auprès d’un public de Bac+2 jusqu’au MBA coche toutes les cases de cet objectif de passage de relai.
À chaque intervention, je ressors enrichi de mes échanges, satisfait d’avoir accompli une certaine forme de devoir, celui de la transmission. Et je repars, rassuré pour notre avenir et surtout le leur !
Lionel VARGEL.
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